Combat de cultos sur autoroute (Auteur: sonfux@wanadoo.fr)

Pour mon travail, j’ai l’habitude d’arpenter les autoroutes ; j’adore voir défiler les vastes étendues américaines au volant de ma porsche, la musique plein les oreilles.

Ce jour là, il faisait très chaud et j’étais sur une autoroute de l’Arizona. Mon bolide filait lorsque je vis un minuscule point à l’horizon. Un gars était en train de marcher le long de l’autoroute ; probablement , faisait il du stop. Je ne m’arrête généralement jamais car j’aime bien être seul dans ma voiture avec ma musique et des pensées plein la tête.

Au fur et à mesure que je fonce, ce qui n’était qu’un point à l’horizon devient plus précis…et plus gros ! Je m’approche encore et je distingue de mieux en mieux un mec qui a l’air assez baraqué. Je passe à son niveau et je vois sur le bras tendu, un biceps qui m’apparaît énorme. J’ai dû rêver mais je veux en avoir le cœur net. Je pile (l’autoroute est déserte) et j’attends que le gars remonte jusqu’à ma voiture. Contrairement à ce que font tous les auto-stoppeurs qui s’empressent de courir vers le véhicule qui s’est arrêté (de peur que le chauffeur ne change d’avis), mon auto-stoppeur prend, lui, le temps de venir jusqu’à moi et pour cause, c’est une montagne de muscles et il a la lente et virile démarche des mecs rendus sûrs d’eux par la muscu.

Dans le rétroviseur, j’ai le temps de le détailler. Vêtu d’un pantalon de treillis et de pataugas noires (c’est sûrement un militaire), il arbore un débardeur kaki rempli par une musculature hors du commun. Une paire de pecs gonflés surmontés de deux épaules rondes et des bras d’au moins 50 cm, volumineux à se damner. J’adore !!! Brun, aux yeux noirs, il a le visage émacié et dur des militaires endurcis. Il se dégage de sa personne une virilité qui m’émoustille… Le bestiau pèse bien dans les 105 kg pour 1,80m.

Après les banalités de politesse habituelles, il monte dans la voiture et nous nous mettons à discuter. La bodybuilding est, avec l’art militaire, sa passion. Tout en discutant, je sens sa présence à mes côtés, cette force de la nature dont j’imagine tout le plaisir qu’elle doit pouvoir procurer mais qui m’impressionne aussi et me paralyse. Prenant cependant mon courage à deux mains, je saisis l’occasion d’un changement de vitesse pour poser ma main sur sa jambe que je devine énorme et sculptée sous le treillis.

Il se tourne vers moi, je le regarde de biais.

« Arrête toi à la prochaine aire, me dit-il en recouvrant ma main avec la sienne, deux fois plus grande, on va s’amuser un peu… »

Je ne le crois pas, je suis au comble de l’excitation. Une aire s’annonce justement ; cligno et me voilà garé sur cette aire déserte. Nous descendons ; il me tient la main et m’amène un peu à l’écart puis la relâche avant de se retourner jambes écartés, bien plantés au sol, poings sur les hanches.

« Maintenant, on va se battre un peu pour s’amuser ». Il a perdu son sourire et une lueur mauvaise passe dans ses yeux. La panique s’empare de moi ; je suis seul dans ce plein désert d’Arizona en face d’un mec qui pourra me briser en un clin d’œeil…J’en suis là de mes pauvres pensées lorsque j’entends une voie derrière moi qui s’écrit :

« Hey mec, si tu veux affronter un homme, un vrai, je suis là ! ».

Je me tourne, celui qui a parlé est un motard tout de cuir vêtu (je saurai plus tard qu’il s’appelait Tom et qu’il venait de briser un karatéka présomptueux) ; lui aussi semble un véritable colosse sous son armure de cuir.

Lentement, il fait glisser la fermeture Eclair de son blouson ; celui-ci laisse alors entrevoir un tee-shirt moulant et transparent où on distingue des pecs carrés et volumineux à travers la sueur qui mouille le maillot. D’un geste sec, Tom arrache son tee-shirt. Il a le corps d’un dieu : des pecs monstrueux, gorgés de sang, une sangle abdominale dessinée et puissante, un dos évasé, épais, musculeux à souhait avec des trapèzes charpentés, des bras et des avant-bras dignes de super-héros de comics.

Les deux mecs se font désormais face, tous les deux jambes écartés et bien plantés au sol. Je devrai en profiter pour courir jusqu’à ma voiture et m’enfuir et pourtant, je ne le peux pas, je suis fasciné par la présence de ces deux mâles et la perspective d’assister à un combat de titans.

Les deux gars se provoquent. Tom contracte ses pecs ; la masse de muscles énormes se soulève et retombe plusieurs fois en signe d’intimidation. Le militaire, qui lui aussi a enlevé son débardeur révélant un corps massif, fait une pose double biceps en contractant ses bras à un point tel qu’on dirait qu’ils vont exploser.

Les deux mâles s’avancent l’un vers l’autre. Ils entremêlent leurs mains et leurs doigts au-dessus de leur tête, chacun voulant faire plier l’autre dans cette épreuve de force pure. La confrontation dure plus de 5 minutes au cours desquelles chacun tente de prendre le dessus de l’autre en bandant tout à tour les muscles de ses bras, en actionnant ses épaules, en tentant de prendre appui sur l’ensemble du corps.

On entend leur souffle puissant accompagner leurs efforts surhumains. Au bout de 5 minutes, le militaire semble fléchir ; Tom en profite pour redoubler d’effort et tenter de le faire plier.

« A genoux » dit il maintenant la pression sur son adversaire et finissant par l’obliger à le faire. A peine le genou de celui-ci posé au sol, Tom libère ses mains, les joins, et d’un revers puissant, frappe violemment son concurrent qui est projeté à plusieurs mètres, à moitié assommé. Celui-ci secoue la tête, retrouve bien vite ses esprits et, furieux de se sentir dominé alors qu’il était fier, jusqu’alors, de son corps et de sa force, se précipite sur Tom en vociférant.

Tom joins à nouveau se deux mains et, à l’approche de son adversaire, frappe d’un coup puissant, les lombaires de son adversaire qui n’a pas pris le temps de se relever, aveuglé qu’il était par sa colère. Le militaire pousse un hurlement et s’affaisse sur le sol avec un son mat et lourd provoqué par la masse de muscles qui vient de mordre la poussière.

Tom ne laisse pas le temps à son adversaire de reprendre ses esprits. Il passe un de ses bras puissants à l’entrejambe du militaire et l’autre bras vient se caler au niveau du cou de manière à pouvoir le soulever. Tom garde ainsi le corps de son adversaire collé à son propre corps pendant quelques secondes ; il jouit alors du bonheur de sentir cette masse de muscles inerte contre la sienne, masse de muscles qu’il vient de vaincre …

Puis, d’un saut, il se met à genoux et, dans le même mouvement, laisse retomber le corps de son adversaire sur ce genou. Il a définitivement vaincu ; le corps du militaire gît sur le sable.

Tom pousse alors, telle une bête, un cri énorme de victoire en levant ses bras au ciel et en contractant ses biceps au comble de l’excitation procuré par ce combat, autrement plus difficile que le karatéka qu’il avait affronté dans une ville voisine.

Tom se retourne alors vers moi. Fasciné par ce combat, je n’ai pas pensé à m’enfuir et la réalité se rappelle soudain à moi. Le corps de Tom se soulève sous l’effet de sa puissante respiration ; son visage est en sueur, de grosses gouttes dégoulinent au creux de ses pecs et le long de ceux-ci gorgés de sang par le combat livré. Soudain, j’ai peur….

Le visage de Tom s’éclaire alors ; il me sourit : « Viens » dit-il me faisant un signe de la main.


Publié le 22 septembre 2002.

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