Mon cousin, Tony le transporteur, me proposa de
memmener, pendant mes vacances, faire un petit périple en
camion durant 3 jours.
Jétais content de changer mes habitudes, de vivre avec lui
cette aventure uniquement entre hommes.
Notre itinéraire était de rejoindre la frontière allemande par
lintermédiaire de 3 clients différents et de redescendre
par un complet.
Le 2ème soir il sarrête sur une aire de repos « le conquérant » qui était daprès lui un endroit original et sympa. « On y mange bien et il y a de lambiance, tu verras ! ! ! ». Il ny avait que des camions sur cette aire de repos cétait impressionnant. On descendit du bahut pour aller dîner.
La décoration du resto « le conquérant » fut original ; non pas ornée par des photos de femmes dévêtues mais plutôt par des photos de catcheurs et de combats. Tony mapprit lhistoire de cet endroit. Il appartenait en faite à un ancien catcheur baptisé « le conquérant » qui avait choisi de le décorer par ses souvenirs et de faire partager à chacun son goût pour le corps à corps. Le poste de télévision passer en boucle des combats masculins de toutes les luttes au monde, de toutes les époques et en tous lieux : de la lutte turque huilée, de la lutte bretonne sur la plage, de la gréco-romaine en salle en passant évidemment par le ring de catch.
Jétais heureux dêtre au milieu de ces hommes, de commenter les combats projetés au mur, de partager ce moment de plaisir des yeux avec eux. A ma grande surprise Tony était assez connu en ce lieu. Il serrait des mains à beaucoup de monde, mais il est vrai que lorsque lon fait souvent le même parcours, des habitudes se prennent et des connaissances se créent.
Entre 20h et 20h30 le resto avait perdu un grand nombre de ses clients. Tony décida alors à son tour de sortir. Je laccompagna. On passa le camion sans sen préoccuper et me dit : « Tu vas assister à une autre particularité des lieux ! » On se dirigea vers une petite foule éclairée par des lampadaires et des projecteurs placés dans des arbres. On se fraya un passage et à ma grande surprise, deux hommes, torse nu, étaient entrains de se battre pour le plaisir dans un grand bac à sable « Ici, en plus de bien manger pour pas trop cher, il sorganise des combats de corps à corps entre routiers, pour se distraire. Cest seulement un jeu, cest pour la beauté de la force et du corps à corps. Dans certains endroits cest le jeu de fléchettes ou le bras de fer, ici, on lutte. Les règles sont simples, tu te mets torse nu cela veux dire que tu as envie de te battre, lorsque tu es fatigué, tu te rhabilles. Les combattants tournent entre eux comme un combat de catch à plusieurs mais il ny a toujours que deux lutteurs à la fois. Tu te bas alors contre la personne du milieu ou alors celle quil choisit parmi les volontaires au combat. Les coups et les torsions ne doivent pas faire trop mal, on doit quand même assurer la fin de notre voyage ! Cela reste bon enfant, je nai jamais assisté à de vrais combats violents. On samuse simplement et on rigole ! »
Lun des lutteurs était en mauvaise posture, sa tête était prise en étau sous le bras droit de son adversaire. Ce dernier satisfait de sa domination passa le relais à un autre homme. Sa main gauche claqua le dos du vaincu et sa main droite lagrippa par la ceinture pour le pousser dans les bras dun camionneur tatoué dun dragon sur sa poitrine. Laire accueillit donc deux nouveaux lutteurs. Les combattants sobservent un moment, les jambes un peu pliées, les bras courbais, cherchant de bons appuis, puis leurs mains sagrippent, un jeu de force les oppose. Lhomme tatoué, par la force de sa poigne, fit plier son adversaire le premier. Un genou à terre il résiste. Puis il arrêta de résister. Lhomme dragon au-dessus de lui, fut déséquilibré puis attiré par son adversaire qui lui plaqua le dos au sol. La foule était enthousiasme et applaudissait la ruse du lutteur. Je fit un sourire à mon cousin lui montrant ainsi mon plaisir dêtre avec lui et ma joie dassister à ces combats de routiers. Le catcheur malin se releva le premier pour tomber le bras gauche en avant sur les abdos du dragon. Il se releva pour cette fois sasseoir sur la tête de son adversaire. En fait, il comprima sa tête entre ses cuisses et donna quelques faibles coups de poings à nouveau des abdos du dragon, laissant les bras de ce derniers libres. Loccasion fut grande. Le dragon força son adversaire à se pencher un peu plus sur lui et en même temps il lança ses jambes pour les enrouler autour de la nuque de son rival. Il bascula par la suite sur la gauche pour ainsi inverser la situation. Le dragon se releva essoufflé. Il saisit les deux jambes de son adversaire encore sur le dos, plaça les chevilles sous ses aisselles et immobilisa son adversaire par cette prise.
La victoire acquise il laissa retomber les jambes et passa le relais à un homme dune quarantaine dannées, le crâne rasé tel une coquille duf, assez bien musclé. Il releva son adversaire par les cheveux, le souleva pour montrer sa force et le ramena au sol. Il positionne ses bras autour du cou de son rival pour lui appliquer la prise du sommeil. Tony ne tenait plus en place, il suivait les combats avec attention et surtout avec envie. Il me tendit alors son T-shirt, il voulait aller dans larène.
Tony se fraya un passage et il montra à tous son haut de corps musclé, dune part par les efforts de chargement et de déchargement de sa semi mais aussi par son goût pour la fonte. Lorsque le catcheur chauve vu mon cousin prés à se battre, il sourit puis il lâcha prise pour quil puisse rentrer. « Enfin te voilà toi ! » « Tony ! ! ! Tony ! ! ! » répétaient quelques-uns uns de la foule. Mon cousin était-il connu comme grand bagarreur ? Cette situation me surprenait quà moitié, vu sa popularité en ce lieu et surtout sa passion pour les sports de combat. Tony prit donc le relais et fit face à son adversaire. Il sortit de son jean un morceau de tissu noir que javais du mal à distinguer. Cétait en faite une cagoule quil enfila
Mon cousin était bien un véritable catcheur. Les deux hommes en blues jeans, torse nu, en position de combat, au milieu de ces camionneurs qui les encourageaient à la lutte, sobservent. Puis ils sempoignent. Cette prise de force permis à Tony de prendre lavantage. Il plaça le crâne du chauve entre son biceps gonflé et son flan droit pour lui appliquer une petite pression. Puis il le lâcha pour le prendre par larrière en double Nelson. A chaque nouvelle prise nos deux catcheurs poussaient de petits cris, lun pour montrer sa force, lautre sa résistance. Tony le lâcha à nouveau mais son adversaire se retourna rapidement pour lui apposer un coup de poing sur son flan gauche. Il était encore bien vigoureux. Le coup surpris mon cousin qui se plia un peu, ce qui permis au lutteur de mettre sa tête entre ses jambes. Dabord les deux mains jointes lui frappa le dos comme un coup de masse, une légère pression puis il le soulève. Il le déposa doucement par terre. Il lui croisa les jambes pour ainsi lobliger à se retourner et ainsi être sur le ventre. Il lâcha les jambes pour sasseoir sur le dos de mon cousin. Ses deux mains placées sous le menton, il souleva pour le plier un peu. Jimaginais sous son masque son visage grimaçant de douleur par cette torsion. Après quelques instants les deux lutteurs se relevèrent.
Tony était affaiblit mais il profita un maximum de ce moment de pause pour sétirer et recaler son souffle. Son adversaire qui nen avait pas encore fini, le provoqua à nouveau par une empoignade. Il se sentait fort. Dun coup de hanche Tony se retrouvait au sol dans le sable. Il le releva puis plaça la tête cagoulée de Tony entre ses jambes pour pouvoir à nouveau le soulever. Ses mains se placèrent au niveau du basin de son adversaire. Et hop ! Renversement de situation, car cest Tony qui le souleva, le déséquilibra et le projeta par terre. Je ne pus retenir mes cris dencouragement « Vas-y Tony, courage tu vas lavoir ! ! ! » Le sans cheveux fut assez étonné de se retrouver dos au sol. Tony se retourna, et sassit au coté de son adversaire. Il plaqua sa jambe gauche sur le visage de son rival et en même temps il bloqua le bras droit de son adversaire sous son bras gauche. Il maintient un instant limmobilisation. Mais cette torsion ne suffisait pas pour que Tony prenne le dessus. Il se releva et se laissa tomber sur le ventre de son adversaire, il lui coupa ainsi la respiration. Il renouvela lopération une deuxième fois et il mit sa main entre les jambes du chauve et maintien ses épaules au sol. La foule commença à compter : « 1 ! 2 ! 3 ! » puis à applaudir. Les spectateurs avaient alors défini le vainqueur. Satisfait, Tony se releva, leva les bras et gonfla ses biceps pour montrer sa force à tous ! Il passa le relais à un camionneur espagnol, prêt à se battre. Je le félicita, il repris son T-shirt, et on se dirigea vers le camion. Sur le chemin, il quitta sa cagoule, ses cheveux étaient humides de sueur et sa tête dégagea une petite odeur nouvelle Il me tendit son masque : « tiens cadeau ! »
Notre périple se passa sans problème et notre principal sujet de conversation était biensur la lutte et ses combats. Il me promit de me ramener auprès des catcheurs et peut-être den devenir un !
Ylan
Publié le 1er août 2002.