COMBAT CONTRE MARIO (Auteur: YLAN)

J’entends du vestiaire les cris enthousiastes de la foule surexcitée qui encourageait les deux catcheurs. Le spectacle plaisait. Moi j’essayais de m’échauffer en attendant la fin du combat pour que je puisse à mon tour sortir de l’ombre et montait pour la première fois sur le ring. Je m’opposerais à Mario, un lutteur espagnol de 22 ans qui débutait tout comme moi. Depuis mon plus jeune age, je regardais des programmes de catch, aujourd’hui ce sera moi qui porterai une cagoule et qui entendrai les encouragements du public. Je ressentais à la fois : la peur de me battre, mais surtout l’envie d’y être. Cà y est le ring se vide, et c’est alors mon tour.

Mario est le premier à faire son entrée. Il sauta au-dessus de la 3ème corde et salua le public. Moi, j’arrive plus lentement, je passe entre la 2ème et la 3ème corde, je fais un tour sur moi-même pour observer les tribunes. Je ne pensais pas que qu’il y avait autant de monde. Je quitte ma cape, (et oui, j’avais la panoplie complète du catcheur modèle) et mon regard se pose enfin sur Mario qui jouait en m’attendant à rebondir dans les cordes. Il devait mesurer près 1,80 mais nos poids devait être équivalents. La cloche retentie, c’était le moment d’y aller. Je respira un grand coup, on se serra la main par courtoisie, puis après ce geste amical on s’observa un court instant et on s’empoigna.

La force de nos deux corps s’opposèrent. Mes appuis étaient solides. Mario était plus impressionnant qu’il en avait l’air. Il plia le premier. J’ai pu facilement amener sa tête sous mon bras droit et prisonnier je me laissa tomber, pour m’asseoir au sol. Je me releva et plaça sa tête entre mes jambes. Je comprima un peu sa tête comme un étau puis le souleva et le plaqua à nouveau. Il se tordait de douleur, ce qui amusa le public. J’attendis qu’il se relève… cela me permit de souffler un peu. Une fois debout, on s’empoigna mais, j’ai du le mettre en colère car il prit vite le dessus. Il m’amena dans le coin, me fit faire une diagonale puis en pleine course, il se projeta comme un bélier, sur moi. Sonné, je tombais au sol. Mario monta sur la troisième corde pour effectuer le saut de l’ange. Le public se mit à siffler et à crier pour nous encourager. Je me retourna sur le dos pour le voir venir. Lorsqu’il s’élança, je l’évita. Les spectateurs riraient de la scène. Mario venait de s’écraser sur le ring sans avoir touché sa cible. Je m’assis sur lui, saisis ses jambes, et effectua une double clé. Il tapait du poing le sol pour évacuer la douleur. Au bout de quelques instants, je lâcha prise, le relava par les cheveux, le projeta dans les cordes et par le rebond il vient percuter mon bras tendu. Le coup de la corde à linge le renvoya directe au sol. Mario était sonné. Heureux je saluais le public qui était devenu le mien. Ils m’applaudissaient…

Mario se releva et par la prise de l’ours, il me ceintura par derrière, puis il me souleva et m’envoya au sol. Il me prit ensuite en étranglement… « Alors petit français… » puis il serra de plus en plus. Ses muscles gonflés me tordaient le cou. Je réussis grâce aux encouragements à me relever. Je le frappais de coups de coude pour me libérer. C’est moi qui avais la rage de vaincre. Il lâcha, je fis demi-tour pour lui faire face, et sans reprendre mon souffle, je l’enfourcha et le plaqua au sol. Je pris un petit élan dans les cordes et tomba sur lui en plaçant mon coude dans son estomac. Je maintiens ses épaules au sol, il se dégagea. Je le releva et par un tour de hanche, il était à nouveau au sol. Le combat devait vite se finir car je commençais vraiment à fatiguer. Je décida alors de montrer sur la 3ème corde et je me jeta de tout mon poids sur lui. En retombant, nos deux corps claquèrent, je fis vibrer le ring. Mon adversaire sonné était incapable de se relever. Il me laissa remporter ma première victoire.

Je me releva, je fis les quatre coins du ring pour saluer le public, je tendis la main à mon catcheur vaincu pour l’aider à se relever. Après avoir serré quelques mains je regagna les vestiaires.

Aussitôt arrivé, j’enleva mon masque pour respirer au grand air et pour redevenir un simple homme…en sueur. Je quitta mon slip rouge et mes chaussures pour me retrouver nu. Je mis ma serviette sur l’épaule et alla prendre une douche. John, un autre catcheur, un ami celui là et non un adversaire y était déjà. Je jeta ma serviette sur le bord pour pouvoir le rejoindre…
« Félicitation ! Ce n’était pas mal pour un premier combat, tu t’es bien battu. Une prochaine fois, si tu veux, on pourra faire équipe ?
  Pourquoi pas… »

                                                                                        YLAN  

PS :
« J’ai appris qu’un jeune américain était, depuis quelques semaines, paralysé après son dernier combat de catch qui se déroulé au fond d’un jardin. Ca m’a un peu refroidit… Alors faites attention lorsque vous vous lancez un défi-combat : certaines prises sont dangereuses si elles ne sont pas maîtrisées, l’aire de combat doit être adaptée et apprenez à connaître votre adversaire pour savoir ce qu’il aime réellement.
Le meilleur des combats est celui où l’on bat son adversaire sans le blesser (sauf peut-être dans son orgueil… mais cela motivera la revanche)
Donc définissez bien les bonnes règles…
mais le mieux reste encore un combat entre copains… »


Publié le 3 juillet 2001.

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