Marc mavait demandé de venir lui donner un petit coup de main pour déplacer quelques meubles. Cétait une de ces journées étouffantes de lété dernier. Alors que nous venions de déposer un matelas par terre, je mempêtrai les pieds dans ce même matelas, et bousculais Marc par hasard. Il roula par terre, et se releva rapidement, et comme par fierté, il se mit à me bousculer de ses deux mains. Surpris, mais curieux, je répondais à cette provocation.
Rapidement, il saisit dune main mon poignet gauche, quil tourna pour me placer une clé. En même temps, son autre main exerçait une pression ferme sur mon épaule. Je ressentis une petite douleur, et toute tentative de ma part pour réagir recevait en réponse une petite torsion que Marc maîtrisait. Par réflexe, et pour atténuer cette douleur, je me retrouvais à genou, et toujours « sous clé ». Marc me donna alors une impulsion sur mes reins dun léger coup de pied. Contraint de mallonger sur le ventre, il ne relâchait toujours pas cette maudite clé. Il posa un genou entre mes omoplates, sempara de mon autre poignet, et joua de cette posture de soumission.
Cest vrai, jétais à sa merci, curieusement, il ne cherchait pas à me faire mal, mais juste à me faire comprendre que cétait lui qui décidait de mon sort ! Il samusait à ouvrir un peu mes bras, me laissant entrevoir la fin et rapidement,il resserrait à nouveau. Mes pectoraux tiraillés me brûlaient la poitrine, A part une exclamation de douleur de ma part, aucun de nous deux ne parlait : Jéprouvais lenvie daller plus loin, et je crois quil comprenait.
Pour quelle raison ? Il libéra enfin lun de mes bras. Je profitais de ce répit pour saisir un de ses mollets que javais à portée de main. Javais été coincé suffisamment longtemps pour ne plus me maîtriser. Je tirais sur cette jambe si brusquement quil en fut déséquilibré. Il était maintenant allongé à coté de moi et je tenais ma revanche. Dans sa chute , Marc avait lâché mon autre poignet. Je tenais encore cette cheville, et cétait là que jallais frapper : Je macharnais alors à lui placer une clé à la cheville .. Tout à coup, je ressentis une pression sur la poitrine, et me rendis compte trop tard quil avait été le plus rapide : Dans mon empressement, je ne métais méfié de rien, et Marc avait profité de cette situation pour me coincer dans un puissant ciseau.
Lune de ses jambes dans mon dos, lautre bien placée me coinçait de lépaule à la taille. Lun de mes bras était paralysé par cette posture. Il tendait ses jambes, réduisant ainsi mes possibilités de respirer. Comme précédemment, il jouait avec cette soumission, je râlais, je soufflais, je tapais des pieds, je tentais de saisir quelque chose avec mon bras libre. J'éprouvais le sentiment dêtre un adversaire « facile», et ça éveillait ma colère. Je ne pouvais admettre cette deuxième défaite, il fallait que je sois à la hauteur, il fallait que je sois à la hauteur, plus je me le répétais et moins je voyais comment me sortir de là. Je ne devais pas attendre quil relâche cette prise, il fallait que je le surprenne. Cette colère me donna la force de me retourner, les jambes de Marc étaient agrippées à mon torse, il nétait pas sur le point de lâcher, et ma résistance lui donnait la curiosité de maintenir le verrou ! Je parvins alors à me redresser.
La surprise de Marc lui fît relâcher
létau un instant, plus long que je ne le souhaitais. Cette
fois, je memparais solidement de ces chevilles.
Jétais debout, il avait la tête en bas et je tenais ces
chevilles. Je donnais alors une impulsion pour le placer torse
contre terre, jenjambais rapidement son dos, et plaçais
ses pieds sous mes aisselles. IL ETAIT SOUS MON CONTROLE !
Je ne pus mempêcher de pousser un souffle bruyant et
vainqueur. Javais regagné mon honneur. Je me permis de
donner quelques impulsions légères avec mes reins afin de plier
son dos, pour quil mange à son tour un peu de souffrance,
de cette souffrance de domination dont il avait usé à son
heure. Je jubilais. Mon seul regret : je ne voyais pas son
visage, et ne profitais pas de ses grimaces. Fair play, comme
lui, je ne lui fis aucun mal, juste une leçon de soumission. Le
combat était terminé, javais eu ma revanche. Marc
navait rien dit, il sétait débattu, mais comme je
le pensais, cétait sans espoir. Ladversaire «
facile » quil avait vaincu venait de labattre. Et
les rôles étaient inversés. Cétait lui maintenant qui
se sentait humilié. Que se passait-il ? Tous les deux,
nous étions entré dans cette joute par jeu, et maintenant, par
honneur, ... et par plaisir nous en redemandions. Jusquoù
irions nous ... Tant quaucun de nous navait lâché
le « stop » abdicateur, on ne pouvait que continuer. Sans rien
nous dire, cette lutte était fair play nous trouvions tous les
deux notre compte à humilier lautre, sans jamais vouloir
blesser ni frapper autre chose que le sol. Javais eu mon
compte, il avait eu le sien, nous étions quittes.
Cétait sans compter sur sa fierté. Je relâchais la prise, comme désintéressé par cette proie devenue inoffensive. Il mavait vaincu, il doutait maintenant de lui. Il devait se prouver quil était meilleur. Face à face tête baissée, tel des lutteurs professionnels, on tournait lun autour de lautre en sobservant, sans trop savoir sil fallait attaquer ou juste savoir profiter des maladresses de lautre. Je navais jamais été dans cette situation. Ma seule connaissance du corps à corps se limitait à mon instinct, et à quelques combats de catch aperçus à la télé. Et Marc, quel était son niveau ? .. Une sorte de peur ou de trac menvahit. Que sest il alors passé ? A-t-il compris, cest justement à ce moment là quil a plongé sur mes jambes pour me plaquer. Je tombais par réflexe sur le ventre, mains en avant. Déjà, Marc ne sintéressait plus à mes jambes, il enfourcha mon dos. Alors que je mappuyais sur mes bras pour me relever, il glissa trop rapidement ses deux bras sous mes aisselles pour refermer ses mains sur ma nuque. En même temps, il menserra de nouveau le corps entre ses cuisses. Le double nels que je subissait était parfait, imparrable, serré, mes épaules étaient bloquées, mes bras inutilisables, mes mains ne pouvaient rien saisir. Son visage était collé à mon dos, et jentendais sa respiration. Il était si près de moi que je sentais ses pectoraux se gonfler et se dégonfler au rythme de son souffle. En même temps, létreinte de ses jambes minterdisait toute flexion. Tout au plus, je pouvais prendre quelque appuis sur mes jambes. Cette fois, je comprenais quil ne devait plus sourire, comme il aurait pu le faire au début de lassaut. Cétait du sérieux, les règles étaient entendues. Je réalisais alors que je ne souriais pas non plus : je nétais pas à la fête, et Marc nétait pas prêt à faire de cadeau. Il me tenais, Il était en position confortable, et ne donnerait rien. Beaucoup plus endurant que moi, il le savait, il ne lâcherait pas et avait lassurance de gagner cette manche.
Jétais foutu ! Et alors ... il my avait amené. Il attendait, « jabdique », « jabandonne » « cest bon » « tas gagné » Quoi que je lui lâche, il me rendrait ma liberté. Et je devrais ensuite affronter un regard vainqueur, un sourire dédaigneux, un rire ? Accepterait-il de me donner droit à la revanche, Lui demanderai-je cette revanche ? .. Et sil acceptait, il me serait interdit de perdre... Soudain, je réalisais que la rencontre nétait pas terminée, et pourtant, pour moi, cétait terminé. Pour atténuer laffront, il fallait que je perde par épuisement, par arrêt de larbitre ou jet de léponge. Seul problème : pas darbitre, pas de temps limite, et pas dentraîneur ! ..Il ny a que moi qui pouvait prendre cette décision, ce choix dêtre humilié. Je ne bougeais déjà plus beaucoup, et ne tentais rien. Marc avait compris, il ne relâchait pas, mais je sentais quil bougeait la tête, comme pour regarder les acclamations dun public, comme par impatience : je lentendais penser : « Allez tu ne peux plus rien, abrégeons ! » Mon instinct me poussa à bouger, les derniers soubresauts de lagonie avant la mise à mort.
Je réalisais alors que ces jambes libres, cétait delles que je devais attendre le salut. Et à force de pousser mappuyer et me contorsionner, je parvins à retourner létreinte, Marc était toujours agrippé mais cette fois, nous étions tous les deux sur son dos il était sous moi, et il devait supporter mon poids. Je trouvais alors suffisamment despoir et de volonté pour balancer notre étreinte dun coté à lautre. Mes efforts mal placés me demandaient une quantité dénergie importante, mais ce balancement sappuyait sur le dos de Marc : lusure. Mon salut était dans cette usure. Ce balancement rendait la situation de Marc très inconfortable. Il dû reprendre au moins trois fois la position de son ciseau car ses hanches supportaient de moins en moins de rouler sur le sol. Au final, il lâcha le ciseau : « début de retournement », lévolution du combat me donna alors tant despoir que jen oubliais la paralysie de mes bras. Je ne sais pas ce que Marc pensait à ce moment là, mais cela ne devait certainement pas être encourageant. Il sagrippait à ma nuque, mais cette position lui demandait un effort important pour que rien ne puisse lui échapper. Je parviens à balancer mes jambes par dessus ma tête, cette cabriole me permis de me retrouver sur mes pieds, toujours sous lemprise de ce satané double nels, pas douloureux cest vrai, mais très inconfortable : javais maintenant mon menton collé sur ma poitrine, la nuque tordue, Marc cramponné à mon dos, et je sentais son affolement face à ce retournement, la situation quil maîtrisait était en train de lui échapper, et la position quil occupait était maintenant très fâcheuse : Lui sur le dos, et moi par dessus, une seule erreur, et sen était terminé : de dominant, il était en position de perdant favori. Ma position bien que très inconfortable devenait maintenant intenable pour Marc, ses mains moites ne lui permettaient plus de tenir la prise, ma nuque appuyée sur son torse lui coupait le souffle, et son capital « optimisme » était proche de zéro.
De mon coté, je me regonflais de fierté, prêt à garder la position aussi longtemps que nécessaire. Dun coup, il lâcha tout, les bras en croix, sur le dos, épuisé, je me suis relevé, et lui ai tendu une main pour laider à se relever. Nous sommes descendus boire quelque chose, essoufflés, nous avons gardé le silence, mais jai pu croiser son regard qui semblait dire « Tas été bon ! Mais il faudra en reparler ! »
Publié le 20 février 2001.